Le Lapin Galipette et l’œuf merveilleux

Comme j’aimerais participer à ce concours moi aussi

C’était cette période de l’année où la nature sort de son hibernation, où les fleurs éclosent, où les arbres bourgeonnent, où les oiseaux font leur nid et où tout le monde se réjoui à l’approche de Pâques. Pour les lapins de Pâques, au plus profond de la forêt, il était aussi temps de s’activer : il y avait des œufs de pâques à peindre et des nids à préparer, de quoi mettre le village des lapins en ébullition. Le concours de peinture des œufs de Pâques était toujours le temps fort de la saison, car tous les lapereaux pouvaient y participer. Les plus beaux œufs étaient récompensés et présentés en vitrine du plus grand magasin de la ville pour Pâques.

« Comme j’aimerais participer à ce concours moi aussi ! », soupira le petit lapin Galipette. Mais sa famille était pauvre. Les œufs, quand il y en avait (ce qui était vraiment rare), étaient réservés à la préparation des gâteaux, et pas à la peinture. Et tandis que les autres lapereaux peignaient des œufs dans leur demeure, Galipette se promenait seul en forêt, la tête baissée, si triste de n’avoir presque aucun ami.

Plongé dans ses pensées, il vagabondait quand, soudain, il aperçut sous un arbre quelque chose de clair et de scintillant dans un amas sombre de mousse et de feuilles mortes. Galipette ôta les feuilles pour découvrir un merveilleux œuf, parfaitement intact. « Quelle chance ! se réjouit Galipette. Toi, je te ramène à la maison pour te peindre des plus belles couleurs ! » Aussitôt dit, aussitôt fait. Galipette se faufila rapidement dans sa chambre et cacha l’œuf sous son oreiller. « Il ne faudrait pas que maman le trouve et l’utilise pour un gâteau », se dit-il. Les jours suivants, il fabriqua un petit sac bien rembourré pour y mettre son œuf et l’avoir toujours avec lui.

C’était le bien le plus précieux qu’il ait jamais possédé et il y faisait donc très attention. La nuit, quand la maisonnée dormait, il sortait sa lampe de poche et ornait délicatement l’œuf de jolis motifs colorés. Comme il dessinait bien, sa maîtresse lui avait un jour offert une grande boîte de peinture.

Pâques approchait doucement, avec la journée où les enfants soumettraient leurs œufs pour le concours de peinture. Galipette se joignit ainsi à la ribambelle de lapereaux et remit son œuf à la maîtresse, qui coordonnait le concours. La surprise fut générale à la vue du superbe œuf de Galipette et de ses couleurs éclatantes. Toutes les œuvres furent exposées et, rapidement, le jury tomba d’accord : le plus bel œuf était celui de Galipette !

Le directeur du magasin félicita le jeune lapin : « Tu as fait du merveilleux travail et, en récompense, tu recevras un immense lapin de Pâques en chocolat. Et ton œuf aura une place d’honneur dans notre vitrine de Pâques ! » La maman de Galipette se tenait à ses côtés, extrêmement fière de son fils chéri.

Mais alors que tout le monde parlait et admirait l’œuf de Galipette, un événement inattendu se produisit : l’œuf commença à bouger ! Subitement, une petite fissure apparut au sommet de l’œuf, ne cessant de s’agrandir. « Oh non, mon bel œuf ! », s’écria Galipette désemparé. Et alors qu’il le prenait en main pour voir ce qu’il se passait, il découvrit un petit bec, qui cassait doucement la coquille pour s’en extraire.

Un petit poussin sortit de l’œuf, s’étirant dans tous les sens pour apercevoir la lumière du jour. « Mon œuf est vivant ! », s’exclama Galipette, face à l’assemblée abasourdie. C’est alors que la maîtresse intervint : « Mon cher Galipette, en portant toujours l’œuf près de toi et en le mettant sous ton oreiller la nuit, tu l’as couvé. » Le choc initial laissa bientôt place à une grande joie pour Glipette : il avait enfin un ami, un vrai – le poussin ! Il le baptisa immédiatement « Pixi ». Et Pixi était tellement mignon que les deux compères eurent soudain plein de nouveaux amis

La coque cassée de l’œuf de Pixi fut délicatement recollée, afin que l’œuf de Pâques de Galipette, à l’histoire si particulière, puisse encore être exposé et admiré de tous.

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